La crise sanitaire a freiné le secteur de la formation dans son essor. Pierre Courbebaisse, le président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP) estime à « 20% en moyenne la chute de l’activité en 2020 ». La dégradation est particulièrement marquée sur le segment de la formation des salariés (-30 à 35%) notamment dans les secteurs à l’arrêt (hôtellerie, restauration) ou mobilisés par la crise sanitaire (médico-social). Sur la cible des demandeurs d’emploi, l’activité a reculé de 25%, du fait de reports de sessions et non d’annulations, contrairement à ce qu’observe la FFP sur le segment des entreprises. En 2020, seule la formation des jeunes en alternance a progressé (+5 à 10%) grâce au développement de l’apprentissage.
Soutenir la formation dans les PME
Après cette année difficile, la fédération avance plusieurs propositions pour soutenir la formation des salariés et favoriser ainsi le rebond de l’économie. Les mesures prises par le gouvernement dans le cadre du plan de relance – évolution du FNE-Formation et création des Transitions collectives — vont dans ce sens. Mais ces dispositifs « sont insuffisants au regard de l’enjeu du développement des compétences dans les PME », estime Guillaume Huot, vice-président de la FFP. En complément de ces solutions jugées complexes à actionner dans les entreprises de taille modeste, l’organisation professionnelle propose d’instaurer « un système d’aide financière forfaitisée » en direction des entreprises de 50 à 250 salariés qui, depuis la dernière réforme, ne bénéficient plus des fonds mutualisés pour leur plan de développement des compétences. Cette aide serait allouée de la façon suivante :
- Entreprises de 50 à 150 salariés : 10 000 euros pour former au minimum 10 personnes.
- Entreprises de 150 à 250 salariés : 15 000 euros pour former au minimum 15 personnes.
Seraient éligibles à ces forfaits, les formations « essentielles à la transformation des entreprises » dispensées par des prestataires disposant d’une certification qualité. Avec un budget de 300 millions d’euros mobilisés dans le cadre du FNE-Formation, ce mécanisme permettrait de former 300 000 salariés, estime la FFP.
Faciliter la mobilisation du CPF
Toujours dans un souci d’efficacité, la fédération suggère d’aménager les dispositions qui encadrent le compte personnel de formation. « Pour nous, le point-clé c’est de déverrouiller les capacités de co-investissement », souligne Guillaume Huot. Dans cette optique, la fédération milite pour une simplification des procédures de cofinancement jugées trop contraignantes pour les PME et de sortir « du dogme du tout certifiant » en autorisant, à titre expérimental, l’ouverture du CPF à des formations non certifiantes utiles à la relance. Des reports d’échéance seraient également bienvenus selon la FFP : pour le transfert, sur le CPF, des heures acquises au titre du droit individuel à la formation (DIF) dont la date limite est fixée au 30 juin et pour le renouvellement des certifications professionnelles qui arrivent à échéance à la fin de l’année.
Effort de simplification
Pour prévenir les risques que fait peser la crise sur l’emploi, le président de la FFP estime qu’il faut agir rapidement et simplifier l’accès aux dispositifs de formation. « TransCo » est jugé intéressant mais ne répond pas à cet impératif de réactivité et de simplicité car très encadré et conditionné à la mobilisation de réseaux d’acteurs structurés. « On risque d’avoir un système à plusieurs vitesses », précise Pierre Courbebaisse.
Par Estelle Durand - Source Centre Inffo